médaillon

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Les animaux venimeux

Les espèces venimeuses et vénéneuses ont fascinés de tout temps. Des représentations de serpents ont d’ailleurs été retrouvées dans des lieux occupés par les hommes préhistoriques ; il était en effet important de reconnaître et d’observer les animaux et les plantes qui pouvaient présenter un intérêt alimentaire, médical ou un danger éventuel. Au fil de l’histoire, plusieurs étapes se sont succédées dans leur compréhension et leur description. La fin du 19ème siècle et le début du 20ème ont été les périodes les plus propices aux foisonnements des travaux à ce sujet. Puis les nouvelles techniques avec entre autres l’avènement de la biologie moléculaire ont permis d’aller plus loin et de résoudre de nombreux problèmes biologiques concernant les animaux venimeux particulièrement.

Mais comment les qualifier véritablement ? Un animal venimeux est défini comme un animal pourvu de venin qu’il est capable d’utiliser pour se nourrir ou pour se défendre. Le venin est une substance d’origine animale produite par des glandes spécialisées, substance servant soit d’arme d’attaque soit de défense, répondant à une nécessité pour l’animal dans son mode de vie. La toxicité et le mode d’action n’entrent pas dans la définition. On peut alors distinguer les espèces venimeuses des espèces vénéneuses. Pour les premières, l’effet du venin se manifeste par inoculation soit une injection par piqûre ou morsure (venimeuses actives qui ont un comportement offensif vis-à-vis de leurs proies) ou rejet à l’extérieur souvent en réaction de défense face à un prédateur (venimeuses passives). Pour les secondes, l’effet se manifeste après ingestion ou contact avec le milieu intérieur (sang, tissus) ce qui provoque des réactions nocives.

Le rôle principal des venins est de paralyser, tuer et digérer les proies. Ils interviennent donc essentiellement dans la fonction de nutrition. Ils sont parfois associés à d’autres fonctions comme la défense, la communication voire la reproduction.

De quoi sont composés les venins ? C’est un mélange de substances complexes formées par sécrétion. Parmi les composants, on peut extraire des toxines qui sont les protéines impliquées dans l’envenimation, des enzymes qui participent à la prédigestion des proies, ainsi que d’autres éléments comme des acides aminés… La définition d’une toxine varie selon les auteurs mais il est possible de la synthétiser ainsi : c’est une espèce chimique ou une molécule à effet physiologique nocif plus ou moins spécifique dans son spectre d’action. Les venins peuvent être secrétés par l’animal lui-même dans des glandes spécialisées – venin d’origine endogène – ou non produit par l’animal mais emprunté à divers organismes comme des bactéries, des algues, des végétaux voire d’autres animaux – venin d’origine exogène.

La présence de venins est connue dans beaucoup d’embranchements, avec des proportions d’espèces venimeuses très variables dans chacun des groupes concernés : par exemple seulement quelques-unes chez les mammifères, la quasi-totalité des araignées ou l’ensemble des scorpions et des cnidaires.

Rien ne peut être généralisé sur la répartition géographique de ces espèces, qui fréquentent aussi bien les milieux terrestres que marins, même si elles sont plus abondantes dans les zones intertropicales et tempérées chaudes. Beaucoup ont un fort taux d’endémisme, n’étant présentes que dans des zones très limitées ou des milieux très spécifiques, alors que d’autres sont largement plus étendues parfois dans différents pays.

Il est impossible dans ce compte-rendu de lister tous les groupes impliqués dans la fonction venimeuse mais on peut en citer quelques-uns :

- l’ensemble des Cnidaires qui comprennent les méduses, coraux et anémones de mer

- parmi les Mollusques les cônes (gastéropodes), ou les pieuvres (céphalopodes)

- parmi les Arachnides venimeux actifs, l’ensemble des scorpions et pseudoscorpions et la grande majorité des araignées

- les Myriapodes (millepattes) avec les scolopendres (chilopodes = venimeux actifs) et les iules (diplopodes = venimeux passifs)

- plusieurs groupes parmi les Insectes comme les hyménoptères porte-aiguillon (guêpes, frelons, abeilles…), diptères (moustiques), hémiptères (punaises)…

- les Echinodermes (oursins, étoiles de mer…), tous venimeux passifs

- des Batraciens parmi les dendrobates et les phyllobates

- les squamates avec les serpents et un lézard, l’héloderme

- quelques mammifères comme des musaraignes et l’ornithorynche

- parmi les Oiseaux, des espèces de Pithohui vénéneux

- une vingtaine de familles de « poissons » marins et d’eau douce (rascasse, raie…)…

 

Leur diversité est remarquable tant dans les groupes zoologiques concernés par cette fonction venimeuse que dans la structure des organes vulnérants et des appareils producteurs des venins dont la toxicité peut varier en fonction de facteurs externes comme les saisons ou la température. Néanmoins cette toxicité des animaux venimeux et vénéneux envers l’espèce humaine est toujours, pour quelques groupes comme les serpents, un problème médical d’actualité dans certains pays. D’où l’intérêt de continuer à les étudier en recherche fondamentale et à en comprendre les mécanismes d’action, les diagnostics et la surveillance thérapeutique d’autant que certains peuvent servir de modèle moléculaire et pourraient, voire sont déjà utilisés, au niveau médical dans divers pathologies cardiovasculaires (hypertenseurs…), neuromusculaires (analgésiques…), ou comme pour des cancers et des diabètes.

Conseil de lecture :

La fonction venimeuse (2015) de C. Rollard, M. Goyffon & J.-P. Chippaux. Ed Lavoisier.

Histoire naturelle des animaux venimeux (2022) de M. Goyffon avec la collaboration de C. Rollard. Ed. Lavoisier

 

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  • Les animaux venimeux
    Les espèces venimeuses et vénéneuses ont fascinés de tout temps. Des représentations de
    serpents ont d’ailleurs été retrouvées dans des lieux occupés par les hommes préhistoriques;
    il était en effet important de reconnaître et d’observer les animaux et les plantes qui pouvaient
    présenter un intérêt alimentaire, médical ou un danger éventuel. Au fil de l’histoire, plusieurs
    étapes se sont succédées dans leur compréhension et leur description. La fin du 19
    ème
    siècle et
    le début du 20
    ème
    ont été les périodes les plus propices aux foisonnements des travaux à ce
    sujet. Puis les nouvelles techniques avec entre autres l’avènement de la biologie moléculaire
    ont permis d’aller plus loin et de résoudre de nombreux problèmes biologiques concernant les
    animaux venimeux particulièrement.
    Mais comment les qualifier véritablement ? Un animal venimeux est défini comme un
    animal pourvu de venin qu’il est capable d’utiliser pour se nourrir ou pour se défendre. Le
    venin est une substance d’origine animale produite par des glandes spécialisées, substance
    servant soit d’arme d’attaque soit de défense, répondant à une nécessité pour l’animal dans
    son mode de vie. La toxicité et le mode d’action n’entrent pas dans la définition. On peut alors
    distinguer les espèces venimeuses des espèces vénéneuses. Pour les premières, l’effet du
    venin se manifeste par inoculation soit une injection par piqûre ou morsure (venimeuses
    actives qui ont un comportement offensif vis-à-vis de leurs proies) ou rejet à l’extérieur
    souvent en réaction de défense face à un prédateur (venimeuses passives). Pour les secondes,
    l’effet se manifeste après ingestion ou contact avec le milieu intérieur (sang, tissus) ce qui
    provoque des réactions nocives.
    Le rôle principal des venins est de paralyser, tuer et digérer les proies. Ils interviennent donc
    essentiellement dans la fonction de nutrition. Ils sont parfois associés à d’autres fonctions
    comme la défense, la communication voire la reproduction.
    De quoi sont composés les venins? C’est un mélange de substances complexes formées par
    sécrétion. Parmi les composants, on peut extraire des toxines qui sont les protéines impliquées
    dans l’envenimation, des enzymes qui participent à la prédigestion des proies, ainsi que
    d’autres éléments comme des acides aminés… La définition d’une toxine varie selon les
    auteurs mais il est possible de la synthétiser ainsi: c’est une espèce chimique ou une molécule
    à effet physiologique nocif plus ou moins spécifique dans son spectre d’action. Les venins
    peuvent être secrétés par l’animal lui-même dans des glandes spécialisées– venin d’origine
    endogène – ou non produit par l’animal mais emprunté à divers organismes comme des
    bactéries, des algues, des végétaux voire d’autres animaux – venin d’origine exogène.
    La présence de venins est connue dans beaucoup d’embranchements, avec des proportions
    d’espèces venimeuses très variables dans chacun des groupes concernés: par exemple
    seulement quelques-unes chez les mammifères, la quasi-totalité des araignées ou l’ensemble
    des scorpions et des cnidaires.
    Rien ne peut être généralisé sur la répartition géographique de ces espèces, qui fréquentent
    aussi bien les milieux terrestres que marins, même si elles sont plus abondantes dans les zones
    intertropicales et tempérées chaudes. Beaucoup ont un fort taux d’endémisme, n’étant
  • présentes que dans des zones très limitées ou des milieux très spécifiques, alors que d’autres
    sont largement plus étendues parfois dans différents pays.
    Il est impossible dans ce compte-rendu de lister tous les groupes impliqués dans la fonction
    venimeuse mais on peut en citer quelques-uns:
    - l’ensemble des Cnidaires qui comprennent les méduses, coraux et anémones de mer
    - parmi les Mollusques les cônes (gastéropodes), ou les pieuvres (céphalopodes)
    - parmi les Arachnides venimeux actifs, l’ensemble des scorpions et pseudoscorpions et
    la grande majorité des araignées
    - les Myriapodes (millepattes) avec les scolopendres (chilopodes = venimeux actifs) et
    les iules (diplopodes = venimeux passifs)
    - plusieurs groupes parmi les Insectes comme les hyménoptères porte-aiguillon (guêpes,
    frelons, abeilles…), diptères (moustiques), hémiptères (punaises)…
    - les Echinodermes (oursins, étoiles de mer…), tous venimeux passifs
    - des Batraciens parmi les dendrobates et les phyllobates
    - les squamates avec les serpents et un lézard, l’héloderme
    - quelques mammifères comme des musaraignes et l’ornithorynche
    - parmi les Oiseaux, des espèces de Pithohui vénéneux
    - une vingtaine de familles de «poissons» marins et d’eau douce (rascasse, raie…)…
    Leur diversité est remarquable tant dans les groupes zoologiques concernés par cette
    fonction venimeuse que dans la structure des organes vulnérants et des appareils producteurs
    des venins dont la toxicité peut varier en fonction de facteurs externes comme les saisons ou
    la température. Néanmoins cette toxicité des animaux venimeux et vénéneux envers l’espèce
    humaine est toujours, pour quelques groupes comme les serpents, un problème médical
    d’actualité dans certains pays. D’où l’intérêt de continuer à les étudier en recherche
    fondamentale et à en comprendre les mécanismes d’action, les diagnostics et la surveillance
    thérapeutique d’autant que certains peuvent servir de modèle moléculaire et pourraient, voire
    sont déjà utilisés, au niveau médical dans divers pathologies cardiovasculaires
    (hypertenseurs…), neuromusculaires (analgésiques…), ou comme pour des cancers et des
    diabètes.
    Conseil de lecture:
    La fonction venimeuse (2015) de C. Rollard, M. Goyffon & J.-P. Chippaux. Ed Lavoisier.
    Histoire naturelle des animaux venimeux (2022) de M. Goyffon avec la collaboration de C.
    Rollard. Ed. Lavoisier