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«Les océans »

Conférence salle Charles Trenet, 26 avril 2019, par Madame Isabelle PORDOY- GAB 72

 

 

Un Océan à venir

L’océan mondial ou « Océan » tire son nom de la divinité grecque Okéanos, fils ainé de Gaïa et d’Ouranos. C‘est l’océan unique du globe subdivisé en plusieurs zones géographiques communiquant entre elles et dont le nombre varie selon les sources de une à sept. Il recouvre près de 71% de la surface terrestre avec une profondeur moyenne d’environ 3700m. Ses dimensions l’amènent à représenter 96% de l’espace vital dans lequel se développent jusqu’à 80% des espèces connues. Au delà de cette source de vie, l’Océan est aussi le moteur de nombreux événements à la surface du globe. Il intervient dans la régulation du climat par les mouvements des masses d’eau. Les vents mais surtout les différences de densité sont à l’origine de ces mouvements à grandes échelles. Si ces mouvements à l’intérieur de l’Océan se modifient, des conséquences en termes de climats sont prévisibles

L’Océan est à l’origine de divers sévices écosystémiques. Le phytoplancton produit 70% de l’oxygène présent dans l’atmosphère et fixe près de 40% de CO2. Il fournit une part importante de l’alimentation soit directement soit indirectement et on y découvre régulièrement des molécules actives importantes en pharmacopée entre autre. On y puise aussi de l’énergie, que ce soit de l’énergie fossile par le biais de forages sous-marins ou de l’énergie renouvelable par les hydroliennes mais aussi des matériaux de construction comme du sable. L’Océan est, de plus, le support de voies de transports indispensables au commerce international.

Mais cet Océan est sujet à de profondes modifications qui, bien que souvent peu visibles à l’échelle locale, ont des conséquences importantes à l’échelle planétaire.

Tout d’abord, l’Océan présente une tendance à l’acidification en raison de l’absorption du CO2 qui modifie les équilibres chimiques et engendre une pénurie de carbonate de calcium indispensable à la formation du squelette de certains animaux comme les coraux. Les coraux sont des espèces ingénieures de l’environnement et constitue un des environnements les plus riches en diversité et en biomasse. En détruisant cet équilibre, c’est tout un écosystème qui est mis en danger. Les coraux abritent des micro-algues par des processus de symbioses. Lorsqu’il est stressé, le corail évacue ses micro-algues et les accueille à nouveau à la fin de l’épisode de stress. Mais lorsque celui-ci dure trop longtemps, le corail ne peut plus abriter assez de micro algues et sans cette symbiose, finit par mourir. Or l’acidification de l’eau de mer, en déséquilibrant la disponibilité du carbonate indispensable à la croissance de coraux est un stress continu qui empêche la mise en place de cette symbiose. D’autres taxons sont touchés comme les mollusques ou les échinodermes qui rencontrent aussi des problèmes de croissance face à la baisse de biodisponibilité du carbonate de calcium.

D’autres points posent de graves problèmes à l’Océan. C’est le cas notamment de la présence de plastiques qui flottent en surface ou dans la colonne d’eau. Par le jeu des flux marins, ils s’accumulent dans des zones de gyres courantologiques. Dans le Pacifique, ou l’accumulation est encore plus visible, ces plastiques forment le 7eme continent. Ils perturbent et parfois tuent des animaux, obstruent leur tube digestifs et remplissent leur estomac, quelque soit la dimension des animaux et quelque soit le calibre des déchets de plastiques. A chacun sa classe de taille ! Mais le plus grave est quand ils se délitent en micro puis nanoplastiques. Invisibles à nos yeux, ils n’en demeurent pas moins toxiques pour l’environnement et envahissent l’ensemble des chaines trophiques.

Et pour ce qu’il reste de ressources, elles sont souvent surexploitées au-delà des seuils de récupération. Plus d’un tiers des stocks péchés, le sont au-delà de leur capacité à se régénérer. Le nombre de prises diminue, la taille des prises diminue, le nombre d’animaux capables de se reproduire diminue. Passé un seuil propre a chaque espèce, le retour à l’équilibre devient impossible. La pêche à la morue est un bon exemple. Malgré une réglementation stricte qui a fait suite à une interdiction totale, il y a 30ans, les stocks restent faibles. La morue a perdue sa place dans le nouvel écosystème qui s’est mis en place suite à sa surpêche. Il a été définitivement modifié. Actuellement, la surpêche du krill pour fabriquer des compléments alimentaires affame des cétacés et des oiseaux dans certaines régions polaires. Il faudrait peut être réfléchir à une gestion de leur stock avant qu’il ne soit trop tard !

Par ses activités, l’espèce humaine met en danger non pas l’Océan mais son équilibre tel qu’il existe aujourd’hui et avec lequel nous savons vivre. L’absorption de CO2 excessif dans l’atmosphère, l’accumulation de déchets à toutes les échelles, la surexploitation de sa biosphère le fragilisent. L’Océan n’a pas besoin de nous mais nous avons besoin de lui. Si nous le perturbons, il trouvera un nouvel équilibre et ce sera à nous de nous adapter à ce nouvel Océan. Mais il n’est jamais trop tard pour réagir et limiter les bouleversements auxquels nous aurons à faire face. C’est l’espèce humaine qui en est à l’origine, c’est à elle de trouver un remède.